Le samedi matin (le 4
août), la sage-femme vient me voir et me dit que l'on va me déclencher qu'on ne
peut pas rester plus longtemps ainsi.
Elle me pose de la prostaglandine sur le col de l'utérus pour provoquer les contractions.
Elle me dit que ça peut ne pas marcher ou bien prendre jusqu'à 48h pour
faire effet.
Les contractions
commencent dix minutes après. En 2 heures je suis dilatée à 4. Je passe en
salle d'accouchement et là on me pose la péridurale. Je dilate bien mais on se
rend compte que le cœur d'Aurore marque des signes de faiblesse à la fin des
contractions. Son rythme cardiaque baisse mais remonte très vite.
Monitoring des contractions et du rythme cardiaque d'Aurore |
Le médecin vient m'examiner et fait un examen plus approfondi pour voir les lactates d'Aurore. Cela lui permet d'évaluer le niveau de fatigue d'Aurore. Elle est à 2,9 (la limite étant 5, nous explique le docteur). Elle n'est pas inquiète. Je continue à bien dilater mais le rythme cardiaque d'Aurore continue de baisser à chaque contraction. On refait un examen de ses lactates. Elle est à 4. Le docteur me dit donc que vu que c'est un premier accouchement, le bébé peut mettre deux heures à sortir une fois que je serais dilatée à 10. Et elle pense que l'on n'a pas deux heures, qu'Aurore est trop fatiguée. Elle me dit donc que l'on va devoir me faire une césarienne mais qu'on a un peu de temps.
Je n'ai pas bien compris
pourquoi attendre. Je leur ai dit "Faisons la césarienne tout de suite
puisque Aurore souffre, n'attendons pas". On me répond que personne ne
souffre.
C'est à partir de ce
moment que je n'ai pas du tout compris les décisions qui ont été prises. J'étais
dilatée à 9, on venait de me dire que j'allais avoir une césarienne mais pas
tout de suite, le dernier bilan des lactates d'Aurore était à 4 (sur 5). Pour
moi c'était évident de passer directement à la césarienne. Mais non ils ont
décidé de refaire un examen des lactates et pendant ce temps la sage-femme me
fait une perfusion d'ocytocine, qui est quand même supposé donner des
contractions, alors que je contracte très bien et que je suis dilatée à 9 !!
A ce moment je ne
supporte pas du tout l'ocytocine, et je fais une hypertonie. Une énorme
contraction qui reste et ne se décontracte pas. Le rythme cardiaque d'Aurore
tombe à 60. En quelques minutes je suis prête pour le bloc opératoire. On me
fait une autre perfusion pour résorber cette contraction mais à ce
moment ma tension tombe à 5 et mon rythme cardiaque chute. Jean-François voit
tout et pense vraiment qu'il est en train de perdre sa femme et sa fille. Ils
sortent Aurore très rapidement, elle ne crie pas. Je me remets un peu de mes
émotions. Jean-François me dit qu'elle est magnifique, elle est longue et
ressemble à Maria Sharapova. On l'entend crier dans la salle d'à côté. On est
rassuré. On a appris plus tard que son cerveau n'avait pas été oxygéné et qu'ils ont dû la réanimer. Le docteur me dit que tout va bien, qu'elle est juste plus petite et
plus menue que ce que tout le monde avait pensé. On avait dit 3kg à 3kg5 à la
naissance elle fait 2,780 kg et 47 cm. Elle me dit aussi que c'est pour cela
qu'elle s'épuisait plus vite. Les docteurs terminent de me recoudre et on m'amène
à Aurore qui est toujours dans la salle d'à côté. Jeff est avec elle. Je la
vois de loin, elle est intubée, elle est magnifique, je vois son beau profil.
Je vais en salle de réveil et j'attends. Jean-François arrive soudain en larmes. Aurore a fait un malaise et on lui a demandé de partir me rejoindre. On attend. Le médecin arrive et nous annonce qu'Aurore a fait un malaise car la sonde qu'on lui avait mise dans le nez s'était bouchée. Par contre ce qu'on ne savait pas et qu'on a découvert en lisant le rapport d'accouchement, c'est qu'ils ont mis 15 minutes à se rendre compte que ça venait de la sonde. Une nouvelle fois son cerveau n'a pas été oxygéné.
Aurore à la naissance : 2,780 kg et 47 cm |
Je vais en salle de réveil et j'attends. Jean-François arrive soudain en larmes. Aurore a fait un malaise et on lui a demandé de partir me rejoindre. On attend. Le médecin arrive et nous annonce qu'Aurore a fait un malaise car la sonde qu'on lui avait mise dans le nez s'était bouchée. Par contre ce qu'on ne savait pas et qu'on a découvert en lisant le rapport d'accouchement, c'est qu'ils ont mis 15 minutes à se rendre compte que ça venait de la sonde. Une nouvelle fois son cerveau n'a pas été oxygéné.
Le médecin nous dit
qu'Aurore doit faire le protocole d'hypothermie, qui consiste à mettre le bébé à
une température de 33°, une sorte d'hibernation. Qu'ainsi son cerveau sera mis
au repos et que l'on évitera de graves séquelles. Le problème c'est qu'il
n'y a pas de place à Béclère (ou qu'ils ne font pas le protocole, on n'a pas
vraiment su). Ils ont de la place à Colombes (Hôpital Louis Mourier) mais pas
de place pour moi. Comme nous sommes au mois d'août - et que la France s'arrête au mois d'août - ils ont
fermé des chambres. Jean-François retourne voir Aurore, tout le monde lui dit
de prendre beaucoup de photos d'elle, ça le traumatise, il pense qu'ils disent
ça car elle ne va pas survivre. Il ne peut pas monter dans l'ambulance avec
elle. On lui laisse les coordonnées de l'hôpital en lui disant d'appeler d'ici
2 heures pour avoir des nouvelles.
Il revient me voir. On me transfère dans ma chambre et on nous laisse tout seul. Personne pour nous parler, nous expliquer ce qu'il s'est passé, pour nous rassurer. Le vide complet. Jean-François appelle l'hôpital. Il tombe sur le pédiatre de garde qui s'est occupé d'Aurore. Elle est très pessimiste au téléphone. Elle nous dit "le pronostic vital d'Aurore n'est pas engagé mais il le sera sûrement une fois qu'elle aura passé son IRM". Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'ils vont la tuer après son IRM ? La débrancher, mais on nous a dit qu'elle n'avait pas de problèmes respiratoires. On ne comprend plus rien.
Aurore prête a être transférée à l'hôpital Louis Mourier |
Il revient me voir. On me transfère dans ma chambre et on nous laisse tout seul. Personne pour nous parler, nous expliquer ce qu'il s'est passé, pour nous rassurer. Le vide complet. Jean-François appelle l'hôpital. Il tombe sur le pédiatre de garde qui s'est occupé d'Aurore. Elle est très pessimiste au téléphone. Elle nous dit "le pronostic vital d'Aurore n'est pas engagé mais il le sera sûrement une fois qu'elle aura passé son IRM". Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'ils vont la tuer après son IRM ? La débrancher, mais on nous a dit qu'elle n'avait pas de problèmes respiratoires. On ne comprend plus rien.
On pleure, on pense que nous avons perdu
notre fille. On n'ose pas prévenir les amis de sa naissance. J'appelle juste ma
mère et ma soeur. Les fils de Jean-François s'impatientent, ils savent que je
suis en train d'accoucher et ne comprennent pas pourquoi ils n'ont aucunes
nouvelles. C'est un cauchemar ! On vit un enfer !
Heureusement je connais la suite... Vous avez été exemplaires tous les trois, de forces, de courage ... Gros bisous
RépondreSupprimerMerci ma Camille ! Je t'embrasse fort.
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