mardi 2 octobre 2012

L'accouchement


Le samedi matin (le 4 août), la sage-femme vient me voir et me dit que l'on va me déclencher qu'on ne peut pas rester plus longtemps ainsi.
Elle me pose de la prostaglandine sur le col de l'utérus pour provoquer les contractions. Elle me dit que ça peut ne pas marcher ou bien prendre jusqu'à 48h pour faire effet.

Les contractions commencent dix minutes après. En 2 heures je suis dilatée à 4. Je passe en salle d'accouchement et là on me pose la péridurale. Je dilate bien mais on se rend compte que le cœur d'Aurore marque des signes de faiblesse à la fin des contractions. Son rythme cardiaque baisse mais remonte très vite. 

Monitoring des contractions et du rythme cardiaque d'Aurore

Le médecin vient m'examiner et fait un examen plus approfondi pour voir les lactates d'Aurore. Cela lui permet d'évaluer le niveau de fatigue d'Aurore. Elle est à 2,9 (la limite étant 5, nous explique le docteur). Elle n'est pas inquiète. Je continue à bien dilater mais le rythme cardiaque d'Aurore continue de baisser à chaque contraction. On refait un examen de ses lactates. Elle est à 4. Le docteur me dit donc que vu que c'est un premier accouchement, le bébé peut mettre deux heures à sortir une fois que je serais dilatée à 10. Et elle pense que l'on n'a pas deux heures, qu'Aurore est trop fatiguée. Elle me dit donc que l'on va devoir me faire une césarienne mais qu'on a un peu de temps.

Je n'ai pas bien compris pourquoi attendre. Je leur ai dit "Faisons la césarienne tout de suite puisque Aurore souffre, n'attendons pas". On me répond que personne ne souffre.

C'est à partir de ce moment que je n'ai pas du tout compris les décisions qui ont été prises. J'étais dilatée à 9, on venait de me dire que j'allais avoir une césarienne mais pas tout de suite, le dernier bilan des lactates d'Aurore était à 4 (sur 5). Pour moi c'était évident de passer directement à la césarienne. Mais non ils ont décidé de refaire un examen des lactates et pendant ce temps la sage-femme me fait une perfusion d'ocytocine, qui est quand même supposé donner des contractions, alors que je contracte très bien et que je suis dilatée à 9 !!

A ce moment je ne supporte pas du tout l'ocytocine, et je fais une hypertonie. Une énorme contraction qui reste et ne se décontracte pas. Le rythme cardiaque d'Aurore tombe à 60. En quelques minutes je suis prête pour le bloc opératoire. On me fait une autre perfusion pour résorber cette contraction mais à ce moment ma tension tombe à 5 et mon rythme cardiaque chute. Jean-François voit tout et pense vraiment qu'il est en train de perdre sa femme et sa fille. Ils sortent Aurore très rapidement, elle ne crie pas. Je me remets un peu de mes émotions. Jean-François me dit qu'elle est magnifique, elle est longue et ressemble à Maria Sharapova. On l'entend crier dans la salle d'à côté. On est rassuré. On a appris plus tard que son cerveau n'avait pas été oxygéné et qu'ils ont dû la réanimer. Le docteur me dit que tout va bien, qu'elle est juste plus petite et plus menue que ce que tout le monde avait pensé. On avait dit 3kg à 3kg5 à la naissance elle fait 2,780 kg et 47 cm. Elle me dit aussi que c'est pour cela qu'elle s'épuisait plus vite. Les docteurs terminent de me recoudre et on m'amène à Aurore qui est toujours dans la salle d'à côté. Jeff est avec elle. Je la vois de loin, elle est intubée, elle est magnifique, je vois son beau profil. 

Aurore à la naissance : 2,780 kg et 47 cm

Je vais en salle de réveil et j'attends. Jean-François arrive soudain en larmes. Aurore a fait un malaise et on lui a demandé de partir me rejoindre. On attend. Le médecin arrive et nous annonce qu'Aurore a fait un malaise car la sonde qu'on lui avait mise dans le nez s'était bouchée. Par contre ce qu'on ne savait pas et qu'on a découvert en lisant le rapport d'accouchement, c'est qu'ils ont mis 15 minutes à se rendre compte que ça venait de la sonde. Une nouvelle fois son cerveau n'a pas été oxygéné.

Le médecin nous dit qu'Aurore doit faire le protocole d'hypothermie, qui consiste à mettre le bébé à une température de 33°, une sorte d'hibernation. Qu'ainsi son cerveau sera mis au repos et que l'on évitera de graves séquelles. Le problème c'est qu'il n'y a pas de place à Béclère (ou qu'ils ne font pas le protocole, on n'a pas vraiment su). Ils ont de la place à Colombes (Hôpital Louis Mourier) mais pas de place pour moi. Comme nous sommes au mois d'août - et que la France s'arrête au mois d'août - ils ont fermé des chambres. Jean-François retourne voir Aurore, tout le monde lui dit de prendre beaucoup de photos d'elle, ça le traumatise, il pense qu'ils disent ça car elle ne va pas survivre. Il ne peut pas monter dans l'ambulance avec elle. On lui laisse les coordonnées de l'hôpital en lui disant d'appeler d'ici 2 heures pour avoir des nouvelles. 

Aurore prête a être transférée à l'hôpital Louis Mourier

Il revient me voir. On me transfère dans ma chambre et on nous laisse tout seul. Personne pour nous parler, nous expliquer ce qu'il s'est passé, pour nous rassurer. Le vide complet. Jean-François appelle l'hôpital. Il tombe sur le pédiatre de garde qui s'est occupé d'Aurore. Elle est très pessimiste au téléphone. Elle nous dit "le pronostic vital d'Aurore n'est pas engagé mais il le sera sûrement une fois qu'elle aura passé son IRM". Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'ils vont la tuer après son IRM ? La débrancher, mais on nous a dit qu'elle n'avait pas de problèmes respiratoires. On ne comprend plus rien.

On pleure, on pense que nous avons perdu notre fille. On n'ose pas prévenir les amis de sa naissance. J'appelle juste ma mère et ma soeur. Les fils de Jean-François s'impatientent, ils savent que je suis en train d'accoucher et ne comprennent pas pourquoi ils n'ont aucunes nouvelles. C'est un cauchemar ! On vit un enfer !

2 commentaires:

  1. Heureusement je connais la suite... Vous avez été exemplaires tous les trois, de forces, de courage ... Gros bisous

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